Une quinzaine de journalistes scientifiques et environnementaux des pays de l’océan indien occidental (OIO) sont actuellement réunis à Zanzibar pour approfondir leurs connaissances sur l’économie circulaire et l’économie bleue. Le but étant de les outiller pour mieux analyser, rapporter et sensibiliser le public sur les enjeux de ces deux domaines de l’économie.1
Former pour informer
« Passer de l’image de l’Afrique victime à celle de l’Afrique comme source de solutions ». C’est en ces mots que Barkha Mossaë, Regenerative Blue Economy Manager au sein de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), a déterminé l’objectif de cet atelier de Zanzibar, à destination des journalistes. Initié par l’association Africa 21 et soutenu par des acteurs tels que la Western Indian Ocean Marine Science Association (WIOMSA), l’Ambassade de la Suisse en Tanzanie, le programme SMEP ou Sustainable manufacturing and environmental pollution, ou encore la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (UNCTAD), cet atelier de 5 jours fera intervenir de nombreux experts. Ce, afin de sensibiliser les journalistes et communicateurs aux défis et opportunités de l’économie circulaire et bleue à Zanzibar et dans l’océan Indien. Ce programme s’inscrit dans une dynamique de transition vers un modèle plus durable, en mettant en avant les aspects environnementaux, socio-économiques et de gouvernance. « Toutes nos activités de 2025 seront consacrées à sensibiliser et à aider les journalistes à développer une expertise de base ainsi qu’à accéder à des experts afin de mieux couvrir les enjeux de l’économie circulaire et de l’économie bleue » a soutenu Julien Chambolle, Secrétaire général d’Africa 21, durant son discours.
Un levier économique
Les pays et îles de l’Océan indien occidental dépendent en effet de ce grand espace maritime qui les unit. A titre d’exemple, en Zanzibar, pays hôte de cet atelier, l’économie dépend en grande partie du tourisme et de la pêche. Selon Captain Hamad Bakar, Secrétaire permanent du ministère zanzibarien de l’économie bleue et de la pêche, « le tourisme et la pêche constituent la colonne vertébrale d’un développement socio-économique qui assure la subsistance d’environ 2/3 de la population ». Toujours d’après ses explications, la part de la pêche dans le Produit Intérieur Brut (PIB) du Zanzibar « est de 4 à 8% » tandis que celle du tourismeest « à plus de 29% ». Il a également souligné le fait que « 99% du commerce international de Zanzibar se fait par voie maritime ». Illustrant ainsi la place prépondérante occupée par ces domaines dans la vie du pays et de sa population.
Réinventer le récit
« Nous devons absolument changer le système et les journalistes ont un important rôle à jouer dans ce processus » a insisté Barkha Mossaë lors de son intervention. Cet atelier de Zanzibar entend en effet aider les journalistes à comprendre les enjeux du changement climatique et du développement durable dans les pays de la région, tout en leur permettant d’explorer les principes de l’économie bleue et circulaire ainsi que leurs applications concrètes. Les activités durant la semaine iront ainsi de la cartographie de la gouvernance internationale et des processus de négociation en la matière, à des visites de terrain afin d’observer les initiatives locales. Cet événement fournit en effet un programme approfondi afin d’appuyer les journalistes africains dans ce processus de « changement de système » souligné par la Regenerative Blue Economy Manager de l’UICN.
« En fin de compte, tout se résume à la narration et au récit que nous faisons de nous-mêmes et de notre situation dans le monde » a-t-elle soulevé. Selon cette experte de l’UICN, les médias auraient tendance à dépeindre l’Afrique et les pays du Sud en général, comme des victimes. Ainsi, incomberait-il aux journalistes africains de « rompre cette tendance » et de parler du continent comme « une région hautement investissable, qui produit réellement de la richesse et des solutions ». Notamment car ces récits et narrations ont un énorme impact sur « la capacité de la région à accéder aux divers mécanismes de financement climatique », les pays y étant jugés « à risque ».
- La production de cet article a été soutenue en partie par la Western Indian Ocean Marine Science Association (WIOMSA). Les opinions y exprimées ne reflètent pas nécessairement celles de la WIOMSA et de l’Agence suédoise de développement international (ASDI). La WIOMSA et l’ASDI sont autorisées à produire et à distribuer des réimpressions à des fins éducatives, nonobstant toute mention de droit d’auteur pouvant figurer dans la présente production. ↩︎