Madagascar s’urbanise et plus rapidement que l’on ne le pense. Le ratio entre urbains et ruraux s’équilibre de plus en plus. D’ici à 2036, plus de la moitié de la population vivra en ville, contre 30% aujourd’hui. Ainsi, pour permettre aux systèmes urbains malgaches de « faire face à une perturbation, un événement dangereux en leur permettant d’y réagir ou de se réorganiser de façon à conserver ou recouvrer rapidement leurs fonctions essentielles, leur identité et leur structure ». Selon une étude de la Banque mondial, depuis 2005, chaque année, plus de 200 000 habitants s’installent dans les villes malgaches. À Madagascar, trois quart du PIB national est produit dans les centres urbains.
Coordination des actions
Le défi est de taille pour un pays vulnérable aux effets du changement climatique comme Madagascar. Cette vulnérabilité n’épargne pas les zones urbaines qui concentrent près du tiers de sa population totale et qui contribuent à environ 70% de son PIB. Renforcer la résilience des villes face au changement climatique passerait ainsi par une meilleure compréhension de la thématique par les agents de l’Etat, à tous les niveaux, des représentants des collectivités urbaines ainsi que des communautés (fokontany, organisations de la société civile, secteur privé…).
« Les agents, les ressources humaines vont traduire les visions de ce qu’est une ville résiliente en politiques, programmes et outils de gouvernance. Pour que cela soit possible et qu’il y ait vraiment une intégration de la dimension changement climatique dans ces outils, les personnes ressources devraient être à même de maîtriser les tenants et aboutissants du changement climatique », a-t-on fait savoir lors d’un atelier de formation organisé à Antananarivo vendredi 3 mai 2024. Il s’agira d’appuyer, sur les plans institutionnel et technique, le MDAT et ses directions techniques « dans la mission de pilotage et de coordination des actions relatives au changement climatique en milieu urbain ».
Un long chemin
Une implication effective à tous les niveaux en matière d’adaptation à la vulnérabilité et au changement climatique sera une étape cruciale dans cette quête de la résilience des villes malgaches. Ce, pour réduire autant que possible les risques y afférents. Ce focus sur l’humain en matière de résilience des villes est motivé par le contexte qui prévaut dans le pays. La vulnérabilité de la Grande île aux effets du changement climatique et des phénomènes climatiques extrêmes tels que les cyclones n’est plus à démontrer. Les dégâts causés par les récentes catastrophes telle que la tempête tropicale Gamane, notamment dans la partie Nord de l’île, en sont de parfaites illustrations.
La vulnérabilité serait d’autant plus conséquente étant donné que peu d’outils de gouvernance se sont vus incorporer ce volet. A titre d’exemple, le changement climatique serait intégré dans trois des six Plan d’Urbanisme Directeur (PUDI) en cours et dans quatre Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) sur les six existants. Toujours dans cette rubrique outils de gouvernance, Madagascar comptabilise actuellement 147 Schéma d’Aménagement Communal (SAC) sur les 1 549 communes existantes d’après les données recueillies auprès du Ministère de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire (MDAT).
Les risques sont là et les faits parlent d’eux-mêmes. Des solutions pour renforcer la résilience urbaine existent pour relever le défi. Et comme dans d’autres secteurs, la question réside dans la volonté des acteurs de changer la donne.