Trafics d’espèces sauvages : la Corruption, le mal durable de la lutte

Madagascar entend intégrer les trafics d'espèces sauvages et naturelles dans sa nouvelle Stratégie nationale de lutte contre la corruption. Le pays entend mettre en pratique les liens de connexité existants entre objectifs, acteurs et instruments de lutte contre ces deux fléaux que sont le trafics d'esp-ces sauvages et la corruption.

A en croire Sahondra Rabenarivo, Présidente du Comité pour la Sauvegarde de l’Intégrité et non moins présidente du comité de pilotage de l’élaboration de la nouvelle stratégie nationale de lutte contre la corruption (SNLCC), les trafics d’espèces naturelles devraient faire partie des nouveaux volets à inclure dans la nouvelle stratégie.

Montrer un lien de connexité entre le trafic d’espèces sauvages (qui est économique et financière) et la corruption ou le blanchiment des capitaux. Un exercice fastidieux mais nécessaire que le Comité de pilotage de la nouvelle stratégie nationale de lutte contre la corruption entend mener à bien. En effet, à l’instar de la corruption dans le sport ou encore l’aspect genre dans la corruption, le trafic des espèces sauvages devrait faire partie des nouveaux volets qui vont être intégrés dans la nouvelle stratégie nationale de lutte contre la corruption. « Le trafic des espèces naturelles est parmi les nouvelles tendances dont il faut casser le silo » précise Sahondra Rabenarivo, présidente du comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI). En effet, cette pratique tend à s’amplifier pour un pays riche en biodiversité comme Madagascar et la paupérisation de la pauvreté en est le catalyseur. Comme l’a fait savoir Sahondra Rabenarivo lors du lancement officiel du projet « Lutte contre la Corruption et le Trafic des espèces » en 2021, « le trafic d’espèces sauvages est une forme lucrative de criminalité transnationale organisée avec la corruption comme facilitateur ».

Des pratiques nuisibles

En matière de trafics d’espèces, les registres de saisie de la WWF font savoir qu’entre 2000 et 2021, environ 121 saisies impliquant des espèces sauvages de Madagascar ont fait l’objet de signalement à l’échelle internationale. Ces mêmes données soulignent que 77 des 121 saisies ont été opérées sur le sol malgache. Tandis que les restes (44) ont pu avoir lieu grâce aux initiatives des autorités des pays de destination ou de transit de ces trafics. Pendant cette période de 2000 à 2021, les tortues endémiques du pays détiennent le record avec 30 875 individus saisis. Le rapport de diagnostic des risques de corruption et des perceptions des populations locales affectant la conservation des tortues radiées dans les régions Androy et Atsimo Andrefana, signé Transparency International Initiative Madagascar souligne une intensification du trafic de tortues ces dernières années, surtout durant la pandémie de Covidè19. La lecture du document fait savoir que les tortues malgaches sont destinées « soit à l’exportation, soit à la vente locale, soit à la consommation de viande. Elles sont vendues pour leur viande ou commercialisées comme animal de compagnie dont la principale destination se trouve en Asie (Thaïlande, Chine, Japon), mais aussi en Europe et en Amérique ». Transparency International Initiative Madagascar de rajouter que « les réseaux de trafic de tortues semblent être alimentés par la corruption endémique qui sévit dans le pays, par les flux financiers illicites, par un contexte de forte demande (souvent stimulée par une popularisation du sujet sur les réseaux sociaux) et par un manque d’étanchéité des frontières (Nelson et Cochrane 2020) ». Ce, malgré des cadres légales qui prohibent la vente et le transport de ces espèces.

L’affaire de tous

Face aux enjeux qui se présentent, la nécessité pour les parties prenantes d’unir leurs forces a été soulevée par la numéro une du CSI. « Le trafic des espèces naturelles n’est pas seulement du ressort du Ministère de l’Environnement et du Développement. Ce n’est pas non plus seulement pour la Gendarmerie ». En effet, la dimension internationale de ces pratiques exige la mise en place de synergie des actions et objectifs. Travailler ensemble tout au long de la chaîne qui est de ce fait, une nouvelle figure et une nouvelle approche suggère donc que le système anti-corruption coopère avec les ministères clés, les banques ou encore les acteurs financiers. Car, il conviendrait de noter que les trafics d’espèces naturelles et/ou minières par d’une région, traverse les frontières du pays pour arriver dans les pays de destination. Au retour, il y a les flux financiers qui y sont attachés. Ce besoin de connexité entre objectifs et instruments consisterait ainsi à « lier les infractions prévues par la loi 2005-018, sur le commerce international des espèces de faunes et de flores sauvages, à une infraction de corruption et de blanchiment des capitaux ».

José Belalahy

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