Sécurité maritime : l’Océan Indien occidental renforce ses défenses

Trafic, piraterie, pêche illégale… L’Océan Indien occidental est sous tension. Face à cette menace grandissante, les pays de la région unissent leurs forces pour sécuriser cet espace stratégique. Mais entre coopération, obstacles diplomatiques, et interopérabilité, le défi reste immense.

📸 U.S. Embassy Madagascar

Madagascar a accueilli du 24 au 28 février, le Séminaire régional sur la sécurité maritime dans l’Océan indien occidental (OIO). Une table ronde qui entend, selon l’Ambassadrice des États-Unis à Madagascar et auprès de l’Union des Comores Claire Pierangelo, « s’attaquer aux problèmes urgents auxquels est confronté le continent africain ».

Stratégique

« Plus de 90% du commerce mondial se fait par voie maritime. Les câbles sous-marins transmettent 95% des données de télécommunication et environ 10 000 milliards de dollars par jour. » C’est ce qu’a révélé une étude menée par le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA) en mars 2019. Démontrant l’importance aussi bien politique qu’économique et sociale, de l’espace maritime dans la vie des nations. L’Ambassadrice Pierangelo a d’ailleurs déclaré à l’occasion du séminaire que « ce n’est que par nos efforts collectifs, le partage de renseignements et des actions coordonnées que nous pourrons protéger nos eaux, assurer la sécurité de nos populations et garantir la prospérité et la stabilité de nos pays et de notre région ». Le CESA, une « Institution académique au sein du Département de la Défense des États-Unis », souligne en effet que « l’avenir de l’Afrique, tant en termes d’opportunités que de défis, est lié à l’espace maritime qui l’entoure ». Pourtant, cet espace fait face à plusieurs menaces, notamment en termes de sécurité. « La contrebande maritime de drogues, de pétrole, d’antiquités, de charbon de bois, d’ivoire et d’autres produits facilite la constitution de réseaux criminels transnationaux et le financement de groupes terroristes » alerte le centre. Tout en appuyant le fait que « le trafic d’armes alimente les conflits dans le monde entier et, avec la manipulation des activités armées privées en mer, la frontière entre les actions étatiques et non étatiques s’estompe en ce qui concerne la sécurité maritime ».

Menaces grandissantes

Ainsi, la criminalité transnationale organisée (CTO) sur terre et en mer, et la pêche illicite, non déclarée et non réglementée ou pêche INN, ont été au centre des échanges durant ces cinq jours de séminaire, à Antananarivo, Madagascar.Cet événement régional et intercontinental, initié par le CESA, a réuni non seulement les pays de la région OIO mais également d’autres pays et organisations qui sont venus partager leurs expériences. En tout, « des représentants de plus de 26 pays et agences, avec des délégués venus des Comores, de Djibouti, du Kenya, de Maurice, du Mozambique, des Seychelles, de Somalie, d’Afrique du Sud et de Tanzanie » ont répondu présents lors du séminaire. Et ce, dans le but d’« échanger et d’évaluer les efforts visant à poursuivre l’élaboration et la mise en œuvre d’une architecture régionale commune de sécurité maritime afin de lutter contre les menaces maritimes communes aux États africains de l’océan Indien occidental ». Des menaces qui vont de la pêche INN aux trafics de tout genre dont le trafic d’êtres humains, de drogues et d’espèces sauvages. La piraterie et les vols à main armée en mer font également partie des problèmes de sécurité auxquels sont confrontés les pays de l’OIO. Ce séminaire, qui a pris fin le vendredi 28 février, entendait évaluer les progrès réalisés par les États côtiers et les États insulaires dans l’élaboration de stratégies maritimes nationales. Il avait également pour objectifs d’examiner les stratégies et mécanismes permettant de concevoir et de mettre en œuvre efficacement une « architecture maritime sous-régionale commune », et d’identifier les possibilités d’élaboration et de mise en œuvre d’une « stratégie de sécurité sous-régionale de sécurité maritime ».

Reprendre le contrôle

Les pays de l’OIO font face à des défis d’ordre sécuritaire au quotidien. « Nous nous trouvons au carrefour du commerce mondial et de la stabilité régional » a souligné l’Ambassadrice américaine lors du lancement officiel de l’événement, signifiant l’importance de « la protection de nos domaines maritimes ». En effet, d’après les explications de Claire Pierangelo, « les vastes étendus de l’Océan indien, souvent non surveillées, permettent aux trafiquants d’opérer en toute impunité ». Et « l’immigration clandestine, motivée par les conflits, la pauvreté et la dégradation de l’environnement, est une autre préoccupation urgente ». Sans oublier la pêche INN qui constitue « un fléau qui épuise nos ressources marines, menace la sécurité alimentaire et compromet les moyens de subsistance des communautés côtières ». La tenue de ce séminaire régional devait ainsi permettre de tirer des leçons de l’expérience de chaque partie prenante afin de lutter efficacement contre la CTO tant en mer qu’en terre.

Une cinquantaine d’officiers et responsables de la sécurité maritime issus des dix pays de l’OIO, ainsi que des organisation régionales et internationales et des ONG y ont assisté. L’événement a d’ailleurs été honoré par la présence de l’Ambassadeur Robert Scott, Adjoint au commandant pour l’engagement civil et militaire du Commandement des États-Unis pour l’Afrique ou USAFRICOM, ainsi que du Dr Assis Malaquias qui est le Doyen académique du CESA. L’interopérabilité et l’élaboration d’une Stratégie régionale de sécurité maritime dans le cadre du Code de conduite de Djibouti, ont été au cœur des discussions. Cependant, elles demeurent un grand défi pour la région.

Karina Zarazafy

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