Une catastrophe écologique et sociale. « Trois à quatre lacs ont disparu à cause de la destruction de l’environnement dans l’Itasy », annonce Razafimahatratra Jean Marie, membre de bureau de la coalition nationale de la pêche et l’économie bleue. À en croire ses dires, « la pêche continentale est actuellement en danger de menace, surtout au sein du grand lac Itasy ». Le risque de disparition serait élevé pour la soixantaine de plans d’eau de la région. Au banc des accusés : l’homme et ses activités qui entraînent la destruction de l’environnement situé autour des lacs et points d’eau. « La destruction effrénée des forêts de tapis et des bassins versants provoque l’ensablement des lacs et plans d’eau », explique Razafimahatratra Jean Marie. Avant de nous confier, l’air dépité, « dans certains endroits, la profondeur des lacs est passée de dix à quatre, voire trois mètres ». Pour l’heure, aucune étude ou enquête scientifique concernant les éventuelles pertes écologiques ou économiques de l’assèchement dramatique de ces lacs n’est menée. Ce qui est toutefois sûr, c’est que beaucoup d’écosystèmes ont également disparu. Contactée sur la question, la direction régionale de la pêche et de l’économie bleue (DRPEB) Itasy confirme le danger qui plane sur le lac Itasy et les plans d’eau de la région. « La superficie du lac Itasy est passée de 3500ha à 2700ha. L’ensablement né des activités anthropiques y est pour beaucoup » précise les autorités locales.
Pertes économiques
La situation touche de plein fouet les presque 3000 personnes de la région dont le mode économique est basé sur la pêche continentale. « Les poissons se font rares, la superficie et la profondeur des lacs diminuent alors que les pêcheurs augmentent. C’est une situation délicate qui s’est instaurée avec le temps dans la région » se désole Razafimahatratra Jean Marie. Selon ses dires « la destruction des ressources naturelles aux abords des lacs impacte de façon négative sur les activités de pêche continentale » dans sa région. La raréfaction des poissons constitue une conséquence directe de ces activités anthropiques. « Auparavant, un pêcheur pouvait récolter entre trois et quatre kilogrammes de poissons. Ce qui est loin d’être le cas actuellement car le résultat d’une journée de travail est d’un kilogramme de poisson, voire moins » se désole Razafimahatratra Jean Marie. Les bois qui constituent la principale matière première servant à la fabrication des pirogues disparaissent également avec les forêts. Un grand défi qui se dresse devant les pêcheurs de la région habitués aux pratiques et méthodes artisanales. Et qui doivent opter pour les pirogues en fibre de verre plus coûteuse.
Des connaissances vouées à disparaître
L’entretien avec le membre du bureau de la coalition nationale de la pêche et l’économie bleue a également permis une autre raison pouvant pousser à la disparition de la pêche continentale dans la région Itasy. La prolifération des filets importés et d’origines industrielles coupe court à la transmission du savoir-faire traditionnel et des pratiques qui ont été transmises de génération en génération. « Beaucoup de jeunes pêcheurs de notre région ne savent plus concevoir les filets. Ils ne savent pas non plus construire les pirogues et barques ». Ne respectant pas les normes, ces filets importés constitueraient également un grave danger sur la conservation des espèces autochtones. Face à ces situations, l’alerte est lancée par les acteurs œuvrant dans le secteur de la pêche et de l’économie bleue de la Région Itasy pour des solutions pérennes, suffisamment concertées et concrètes afin de résoudre ce problème.