Les 6, 7 et 8 juin derniers, à Ampefy, une vingtaine de journalistes ont eu l’occasion de rencontrer et d’échanger avec des scientifiques de divers horizons sur les questions relatives à la biodiversité.
« On ne peut pas agir en commun sans partager la même vision ». C’est en ces mots que le chercheur Philippe Meral, Directeur de l’UMR-SENS (Unité Mixte de Recherche-Savoirs Environnement Sociétés), a ouvert l’atelier sciences-médias qui s’est tenu à Ampefy du mardi 6 juin au jeudi 8 juin. Une façon à lui d’interpeller les journalistes quant à l’ « impératif de conservation de la biodiversité ».
Sachant, selon le chercheur, que : « Au fur et à mesure que les années passent, que ce soit sur la biodiversité, sur le climat ou sur la gestion des ressources naturelles, on s’aperçoit que la dégradation s’accélère. Et ce, indépendamment de l’accroissement des connaissances scientifiques ». «Nous, scientifiques, on s’est dit que certes, il fallait continuer à produire de la donnée, mais on ne peut pas s’arrêter là. En effet, on va produire de la donnée mais il va falloir la transmettre, être à l’écoute des attentes des citoyens ainsi que des acteurs intermédiaires mais aussi, être à l’écoute de l’évolution des référentiels sur la biodiversité » a-t-il insisté.
Les participants à l’atelier ont ainsi été invités par le programme Varuna, représenté à l’occasion par sa coordinatrice Blanche Gomez, à assurer les rôles de « relai » des informations scientifiques ainsi que de leurs « valorisations ».
Engagement.
Ce dialogue entre les professionnels des médias et les scientifiques est en effet une grande première. Il consistait notamment en des partages d’expériences « pour mettre en lumière le rôle essentiel des médias en tant que passerelle entre scientifiques et population sur les questions relatives à la biodiversité ». Comme l’a souligné Blanche Gomez, le programme Varuna « est là pour faire des activités mais si elles ne sont pas valorisées, médiatisées et mises en avant par les journalistes, elles auront beaucoup moins d’impacts ». Pourtant, toujours d’après la coordinatrice du programme, « l’objectif, c’est d’avoir de l’impact sur les populations ». Certes, comme il a été débattu durant ces trois jours, « le journaliste n’a pas pour rôle de sensibiliser ». Une position tenue par Nathan Raharivelo, rédacteur en chef du studio Sifaka. Le président de l’association des journalistes de l’environnement (AJE), Njaka Andriantefiarinesy, quant à lui n’a pas manqué de souligner qu’« il est surtout question d’engagement et c’est toute la raison d’être de l’AJE ». Ce qui a été salué par les scientifiques présents à l’occasion et qui sont, selon Philippe Meral, «… convaincus que les journalistes, les médias, sont un acteur essentiel dans la sensibilisation mais aussi dans la remontée des informations dont ils disposent sur le terrain avec les différents acteurs… ».
Dans tous les cas, le programme Varuna, qui a soutenu l’organisation de ces échanges, est un programme dont l’ambition est de « contribuer à freiner l’érosion de la biodiversité du sud-ouest de l’Océan Indien, au bénéfice des habitants de la région ». Il s’agit, selon les explications, d’ « un gros programme d’une durée de 4 ans (2022 à 2025) et qui structure l’action de la France dans le domaine de la biodiversité à l’échelle de l’Océan Indien ». Il ne s’agit nullement d’un programme de recherche nous a expliqué Philippe Meral. Avant d’insister sur le fait que le programme « se veut plutôt être un programme d’action ». A cet effet, Blanche Gomez, a émis le souhait de « voir comment, à l’issue de ces quelques années de mise en œuvre,…l’on pourrait décliner ce progrès-issu de l’atelier- dans les autres territoires de l’Océan indien ». « Ce que vous faites là, a-t-elle indiqué aux participants, est innovant. Et en tant que précurseurs, on veut voir comment on pourrait dupliquer ce schéma dans les autres territoires ».