Ce document a été publié par l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Le bulletin sur les prévisions annuelles à décennales du climat à l’échelle mondiale fait partie d’une série de produits de l’OMM sur le climat, qui inclut le rapport phare sur l’état du climat mondial, visant à informer les décideurs politiques.
Une sombre réalité
L’organisation parle d’un « avertissement sévère. En effet, nous nous rapprochons de plus en plus des objectifs fixés dans l’Accord de Paris sur les changements climatiques, lequel concerne des augmentations de température à long terme sur des décennies, et non sur une période d’un à cinq ans ». L’urgence climatique est réelle. « Il est probable qu’au moins l’une des cinq prochaines années soit la plus chaude jamais enregistrée », note le document.
Entre 2024 et 2028, « la température moyenne mondiale à proximité de la surface devrait dépasser chaque année de 1,1 °C à 1,9 °C les valeurs de la période de référence 1850-1900. Par ailleurs, il est probable (à 86 %) qu’au moins l’une de ces années devienne la plus chaude jamais enregistrée, détrônant ainsi l’année 2023 ».
Ce nouveau document appelle l’attention sur l’urgence climatique. En effet, l’augmentation des températures globales s’accélère plus vite que prévu. Il est évalué à 47 % la probabilité que la température mondiale moyennée sur la totalité de la période 2024-2028 dépasse de plus de 1,5 °C les valeurs préindustrielles, alors que cette probabilité était évaluée à 32 % dans le rapport de l’année dernière, portant sur la période 2023-2027. « Derrière ces statistiques se cache une sombre réalité, nous sommes loin d’atteindre les objectifs fixés dans l’Accord de Paris », a déclaré Ko Barrett, Secrétaire générale adjointe de l’OMM.
Bataille
« Nous jouons à la roulette russe avec notre planète. Nous avons besoin de trouver une sortie sur cette autoroute qui mène à l’enfer climatique. La bonne nouvelle, c’est que c’est nous qui conduisons. C’est au cours des années 2020 que nous perdrons ou que nous gagnerons la bataille pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C, sous la houlette des dirigeants actuels », alerte António Guterres, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
Au titre de l’Accord de Paris, les pays ont convenu de maintenir l’augmentation de la température moyenne à long terme à la surface du globe nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de continuer d’œuvrer à la limiter à 1,5 °C d’ici à la fin de ce siècle.
Le chemin semble encore long et l’engagement des parties prenantes pose question. Le développement « décarboné » prend du retard à sa mise en place, les différents pays, notamment ceux du Sud, veulent également se tourner vers les solutions énergétiques à moindre coût.
Phénomènes météorologiques extrêmes
Pour un pays comme Madagascar, les conséquences d’une hausse globale des températures sont déjà palpables. Le changement climatique bouleverse l’agriculture, entraîne des impacts sur la santé et accentue les phénomènes extrêmes, comme les cyclones, et occasionne des effets de ralentissement sur l’économie. Or, la communauté scientifique a averti à plusieurs reprises qu’un réchauffement de plus de 1,5 °C risque d’aggraver bien davantage les conséquences du changement climatique et les phénomènes météorologiques extrêmes, et que chaque fraction de degré de réchauffement a son importance.
« Nous vivons une époque sans précédent, mais nous disposons également de compétences sans précédent en matière de surveillance du climat, qui peuvent nous aider à orienter nos actions. Cette série de records de chaleur mensuels sera considérée rétrospectivement comme relativement froide. Toutefois, si nous parvenons à très brève échéance à stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, nous pourrions revenir à ces « basses » températures d’ici à la fin du siècle », note Carlo Buontempo, Directeur du service Copernicus concernant le changement climatique.