Energie solaire : le « game changer » de l’électrification rurale

L'accès à l'énergie demeure un des défis majeurs pour la Grande île. Le milieu rural a toujours peiné à avoir de l'électricité. Depuis quelques années, la situation change.

Ambodinonoka est l’un de ces villages isolés typiques de Madagascar. La petite commune se situe dans la région Fitovinany. Elle n’est qu’à 54 km du chef-lieu de région Mananjary mais elle est totalement enclavée entre le corridor forestier de l’est et l’océan Indien.

Il faut près d’une semaine à pied pour rallier les deux villes. Bien entendu, Ambodinonoka n’est pas desservie par le réseau d’électricité. Les habitants ont toujours vécu dans le noir, comme des millions de Malgaches dans toute l’île.

Facteur décisif

Mais depuis quelques années, l’horizon s’est éclairci. Le facteur décisif était la disponibilité et l’accessibilité des kits solaires. « Regardez. Le dispositif est assez simple : nous avons une batterie, un petit panneau solaire et un stabilisateur, nous montre fièrement Samena, un producteur de café. Avec cela, je peux charger mon téléphone, faire fonctionner la télévision et la radio. Surtout, mes enfants peuvent étudier à la lumière des lampes, la nuit ».

C’est un véritable changement pour Samena et d’autres habitants comme lui qui ont choisi cette voie de l’électrification domestique solaire avec un dispositif simple de mise en place, d’utilisation et accessible.

Poste de dépense

Si le taux d’accès à l’électricité a stagné autour des 15% à Madagascar, la dernière décennie a permis une lente évolution pour atteindre les 23 et 25%. L’engagement du secteur privé y est pour beaucoup avec diverses offres.

Cependant, le milieu rural demeure le parent pauvre du secteur : l’accès à une électricité moderne chute à 7% en milieu rural. Il concerne pourtant plus de 70% de la population. La disponibilité de ces kits simples change la donne. « J’ai investi à peu près 1,5 million d’ariary pour ce dispositif. Un choix que je n’ai pas regretté », se réjouit Samena. Le poste de dépense le plus onéreux repose sur la batterie. D’elle dépend la quantité d’électricité qui peut être accumulée et qui peut être restituée la nuit. Ces kits simples sont aujourd’hui très répandus et développés notamment en milieu rural.

Les dispositions fiscales en vigueur ont également largement vulgarisé ces matériels. Dans le cadre de mesures à visée écologique, la Loi de Finances 2011 a exonéré de Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) les opérations d’importation et de vente de matériels et équipements pour la production d’énergies de sources renouvelables. En tout cas, c’est une véritable révolution qui est en train de bouleverser le monde rural.

Raoto Andriamanambe

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