Crise nutritionnelle : le Sud victime de son climat

La faible diversité alimentaire minimale, le régime alimentaire minimale acceptable, les services d’eau et assainissement inadéquats, les prévalences élevées des maladies infantiles, une faible couverture de la vaccination contre la rougeole et supplémentation en vitamine A, etc. constituent les principaux déterminants de la malnutrition aigüe dans le Sud de Madagascar.

Près de 458 660 cas de malnutrition aiguë globale, sévère et modérée, sont attendus dans le Grand Sud et le Grand Sud Est, sur la période de juin 2023 à avril 2024. Tels ont été les résultats de l’analyse de la malnutrition aigüe du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) dans ces zones, sortis le 21 août dernier.

Le climat dans les régions du Grand Sud et du Grand Sud Est de Madagascar constitue l’un des plus grands facteurs favorisant la prévalence de la malnutrition aigüe.  La sècheresse et les invasions acridiennes qui frappent régulièrement le Grand Sud, ou encore les cyclones, les inondations et autres événements climatiques extrêmes dont est constamment sujet le Grand Sud Est, sont autant de sources d’insécurité alimentaire pour les populations de ces régions.

Ce, dans la mesure où elles se retrouvent face à des pertes de récoltes, une augmentation des coûts des denrées alimentaires, une hausse des coûts de l’énergie, du transport et des intrants médicaux, ou encore à la recrudescence de diverses maladies telles que le paludisme, la diarrhée etc. A l’exemple du district de Betroka qui, selon les données du bulletin Climat-Santé du mois de septembre du ministère de la Santé publique, est sujet à un faible niveau de précipitation compris entre 2,6 et 3,5 mm pour une température moyenne supérieure à 28,8°C. Ce qui, toujours d’après ce bulletin du ministère de la Santé, donne lieu à une forte probabilité de recrudescence de la malnutrition et des maladies diarrhéiques.

Ces risques liés au climat devraient ainsi être sérieusement pris en considération dans les actions de réponse à mettre en œuvre pour pallier les problèmes d’alimentation aussi bien dans l’immédiat que sur le moyen et long terme. Sachant qu’actuellement, et sur la période allant de juin 2023 à avril 2024, l’analyse IPC indique que dans le Grand Sud Est, « près de 196 451 cas de malnutrition aiguë » sont attendus dont 57 973 cas de malnutrition aiguë sévère et 138 478 cas de malnutrition aiguë modérée. Quant au Grand Sud, « près de 262 208 cas de malnutrition aiguë sont attendus avec une proportion de 63 199 enfants malnutris sévères attendus et 199 009 cas de malnutrition aiguë modérée ».

L’analyse IPC consiste en effet en une série d’outils et de procédures qui servent à classer le niveau de sévérité et les caractéristiques des crises alimentaires et nutritionnelles aigües ainsi que l’insécurité alimentaire chronique, suivant les normes internationales en vigueur. Dans ce cadre, la malnutrition aigüe serait « toute manifestation de malnutrition dans une zone spécifiée à un moment donné, et dont le niveau de sévérité menace des vies et/ou des moyens d’existence quelles qu’en soient les causes, le contexte ou la durée ».

La période courant de janvier à avril 2024 serait le pic de la période soudure dans ces régions et coïnciderait avec le pic de malnutrition.

Période de soudure

Pour Madagascar, ce sont notamment ces régions du Sud qui en sont les plus frappées de manière récurrente. Ainsi, à l’approche du mois de décembre, le rapport IPC indique que les districts de Nosy Varika et Ikongo, dans le Grand Sud Est, seront les plus affectés en se situant à la phase 4 de l’IPC.

Ceux de Befotaka, Vangaindrano, Vondrozo, Manakara, Vohipeno, Ifanadiana, Mananjary, Ambovombe, Tsihombe, Beloha, Toliara II, Betioky Atsimo, Ampanihy Ouest, Amboasary et Betroka seraient quant à eux en situation sérieuse ou à la phase 3 de l’IPC. La période courant de janvier à avril 2024 serait, toujours d’après cette analyse IPC, le pic de la période soudure dans ces régions et coïnciderait avec le pic de malnutrition.

Les éléments fournis par ce type d’analyse devraient ainsi servir aux différents acteurs œuvrant dans le domaine de la nutrition de mieux orienter leurs réponses afin de limiter les dégâts humains causés par la malnutrition aigüe et la crise nutritionnelle dans le Sud du pays. L’étude fournit d’ailleurs des pistes de priorités très pertinentes et a priori réalisables, dans le court, moyen et long terme.

Karina Zarazafy

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