Changer les règles du jeu : quand les États insulaires misent sur la durabilité

Face aux défis écologiques et économiques grandissants, les États insulaires de l’Afrique et de l’océan Indien se mobilisent pour valider un plan d'action pour l’économie circulaire et bleue. Lors d'un atelier stratégique à Maurice, Madagascar et ses voisins explorent des solutions innovantes pour briser le cycle du gaspillage et assurer un avenir durable. Une transition essentielle pour préserver leurs ressources et stimuler une croissance inclusive.

📸 Julien Chambolle

Emplois verts, mécanismes de financement, engagements des parties prenantes et mise en exergue de la place prépondérante du secteur privé dans la transition vers l’économie circulaire … ont été au centre des discussions, lors du premier jour d’atelier de validation du plan d’action pour l’économie circulaire.

Un atelier décisif

L’atelier de validation du Plan d’action pour l’économie circulaire et le mécanisme de financement innovant pour l’économie bleue et circulaire des États insulaires d’Afrique et de l’Océan indien a été lancé officiellement, ce lundi 27 janvier, à Port-Louis, capitale de l’île Maurice.

Caroline Tagwireyi, fonctionnaire principal chargé de l’atténuation du changement climatique au sein de la Direction de l’environnement durable et de l’économie bleue de Commission de l’Union Africaine (CUA), a dressé les contours de cet événement initié par la Commission de l’Océan indien (COI) en collaboration avec la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA) et la Fondation du Réseau africain de l’économie circulaire (ACEN).

« Cet atelier de validation constitue une occasion précieuse de poursuivre l’engagement des parties prenantes. Il permet d’affiner le plan d’action afin de s’assurer qu’il est réaliste, réalisable et qu’il répond aux moyens et aux priorités spécifiques des États insulaires d’Afrique et de l’Océan Indien », a-t-elle souligné. « L’économie circulaire dépasse la responsabilité du ministère de l’environnement », a renforcé une représentante de la Banque Africaine de Développement. En effet, elle touche plusieurs domaines et secteurs économiques et sociaux et vise à optimiser l’utilisation des ressources à chaque étape du cycle de vie des produits.

8 milliards de dollars

Si l’on se réfère à la définition du Parlement européen, l’économie circulaire est « un modèle de production et de consommation qui consiste à partager, réutiliser, réparer, rénover et recycler les produits et les matériaux existants le plus longtemps possible afin qu’ils conservent leur valeur ». L’idée étant d’étendre au maximum le cycle de vie des produits de façon à « réduire l’utilisation de matières premières et la production de déchets ».

Selon Nassim Oulmane, Chef de la Section des ressources naturelles, de l’économie verte et de l’économie bleue au niveau de la Division des changements climatiques, de la sécurité alimentaire et des ressources naturelles de l’UNECA, « la transition vers des économies inclusives en Afrique représente une opportunité unique de créer des emplois, de stimuler croissance économique durable et de réduire la pression sur les ressources naturelles en abandonnant le modèle linéaire traditionnel ». Ce qui a soulevé la question de la nécessité d’engager toutes les parties prenantes dans le processus. « L’économie circulaire peut résoudre des défis de croissance liés aux déchets en Afrique tout en développant un marché annuel d’environ 8 milliards de dollars et en favorisant la diversification économique à travers le continent », a-t-il souligné.

Des réflexions stratégiques

« Que se passe-t-il dans le domaine des énergies renouvelables ? … Que va-t-il se passer avec les panneaux solaires lorsqu’ils arriveront en fin de vie ou avec les batteries que nous utilisons actuellement ? … Il s’agit de questions cruciales que nous devons résoudre », a fait remarquer Caroline Tagwireyi qui a également attiré l’attention sur la nécessité d’avoir des réflexions stratégiques et pratiques sur ces questions qui se trouvent au cœur même de la transition vers l’économie circulaire.

« En résolvant ces problèmes, nous créons des emplois verts », a expliqué la fonctionnaire principale chargée de l’atténuation du changement climatique au sein de la Direction de l’environnement durable et de l’économie bleue de Commission de l’Union Africaine . Cet atelier marque une étape décisive pour la région. Les États insulaires de la zone ont pu dresser un état des lieux de leurs avancées respectives. Et si l’on se fie aux interventions successives des différents experts et responsables durant l’événement, la définition d’une feuille de route commune au niveau régional et continental en ce qui concerne l’économie circulaire s’impose actuellement comme une obligation pour pouvoir prétendre à un développement durable et inclusif.

« Ce modèle inefficace de production et de consommation pousse notre planète au bord du gouffre. Il est à l’origine de la crise climatique et de l’épuisement des ressources précieuses nécessaires au maintien de communautés prospères, a interpellé Lisa Simrique Singh, Coordinatrice résidente des Nations unies Maurice et Seychelles. Il est donc nécessaire d’opérer un changement transformateur, un changement qui mette en place des systèmes, une approche plus systémique qui met l’accent sur la durabilité et l’utilisation des déchets en tant qu’intrants précieux ».

Karina Zarazafy

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