« Le volet environnemental sera au cœur de nos activités dans les prochains jours », a déclaré Jean-Bruno Ramahefarivo, Directeur Général des Affaires Externes de Base Toliara, lors d’une rencontre avec la presse, le 6 décembre dernier. Cette déclaration fait suite à la levée de suspension du projet, actée par le conseil des ministres le 27 novembre dernier.
La compagnie prévoit, entre autres, une mise à jour de l’étude d’impact environnemental et social ainsi que celle du cahier des charges. Pour ce faire, elle se fixe un délai de 14 mois, ce qui lui permettra par ailleurs de finaliser le « design » du projet. « La première étude d’impact environnemental date de 2014. En 10 ans, l’environnement et de nombreux contextes ont changé. La nouvelle étude va être alignée au nouveau décret de Mise en compatibilité des investissements avec l’environnement (MECIE) », avait souligné à ce sujet Max Andonirina Fontaine, ministre de l’Environnement et du Développement durable lors de son passage sur les ondes de la télévision nationale.
Innovation
Pour rappel, le projet vise une production annuelle de 960 000 tonnes d’ilménite, 66 000 tonnes de zircon et 8 000 tonnes de rutile sur le site de Ranobe, situé à 55 km au nord de Toliara. Une innovation majeure réside dans le recyclage des déchets obtenus lors du traitement de sables minéralisés. Ce qui pourrait générer 21 800 tonnes de monazite par an, selon une étude de préfaisabilité.
Ainsi, l’étude d’impact environnemental et social devra désormais inclure la monazite. La valorisation de ce minerai nécessitera des autorisations supplémentaires afin d’être ajoutée au permis d’exploitation. Ces autorisations devront être accordées par le gouvernement avant toute production. « Base Toliara est une entreprise cotée en bourse. Elle ne peut pas faire de faux-pas en termes de respect des normes environnementales. L’Etat malgache est en droit de surveiller le respect de tous les paramètres, notamment sur le volet environnemental », avait averti le ministre de l’Environnement et du Développement durable sur la chaîne nationale.
Infrastructures
Plusieurs infrastructures ont été repensées dans cette reprise du projet. Pour réduire les nuisances liées à la poussière et préserver le trafic sur la route nationale RN 9, la route minéralière, initialement prévue en terre battue, sera transformée en route bitumée. Un pont construit sur le fleuve Fiherena sera réhabilité et utilisé afin de réduire l’impact sur les infrastructures existantes, tandis qu’une jetée surélevée permettra aux pirogues locales de continuer à circuler librement.
Jean-Bruno Ramahefarivo précise que « les pêcheurs pourront poursuivre leurs activités sur la plage de la Batterie. Par ailleurs, ni la forêt Mikea, ni la communauté Mikea ne seront affectées par les opérations minières ». Base Toliara veut lancer des initiatives visant à améliorer les conditions de vie des populations avec des programmes générateurs de revenus durables pour les communautés ainsi que des investissements dans les infrastructures liées à l’éducation, la santé et l’accès à l’eau potable. En parallèle, des initiatives de reforestation et de préservation de la biodiversité seront mises en œuvre.
Baobabs indigènes
Lors de la conférence de presse, il a été soulevé que la zone du PK32 bénéficiera de mesures spécifiques. Les baobabs indigènes devraient également être identifiés et protégés : ceux qui ne peuvent être évités seront replantés ailleurs.
Par ailleurs, une pépinière a été développée pour produire des plantes destinées à la réhabilitation et au reboisement des sites impactés. La réhabilitation est un aspect essentiel du processus de valorisation minière. Elle vise à assurer la stabilité et la durabilité des terres après la fin de l’exploitation minière, permettant ainsi de rétablir les conditions propices aux activités préexistantes.
Directives nationales et internationales
La question de la radioactivité revient sans cesse dans le débat sur l’extraction minière de Ranobe. Le sable qui contient la monazite extraite à Toliara est le même que pour les autres minerais. Il présente de faibles niveaux de matières radioactives naturelles. Le Directeur Général des Affaires Externes de Base Toliara se veut rassurant en indiquant « des mesures de contrôle et de protection seront mises en place afin de garantir que les employés, les membres de la communauté et l’environnement ne soient exposés à des niveaux de rayonnement qui pourraient être supérieurs aux recommandations ». Tout prélèvement ou traitement de la monazite suivra en effet des directives nationales et internationales strictes.
Les prochaines étapes nécessaires au redémarrage du projet consistent non seulement à finaliser un accord d’investissement avec le gouvernement, mais aussi à lancer les premiers travaux préparatoires pour la phase de construction et la reprise des projets communautaires prioritaires. Les premières productions de minerais de Base Toliara sont prévues pour 2028.