Andralanitra, le poison insidieux pour Antananarivo et ses environs

Andralanitra est la décharge publique d'Antananarivo. Mise en place depuis 1940, elle est aujourd'hui saturée, pis, Andralanitra fait constamment peser une menace sur la population tananarivienne.

Une épaisse fumée enveloppe Ambatomaro, Mahazo et Andraisoro. Une odeur ocre vous prend à la gorge. L’ambiance est post-apocalyptique, pourtant c’est la réalité vécue non seulement par les populations de ces fokontany mais aussi l’ensemble de celle de la Commune urbaine d’Antananarivo. Le coupable? La décharge publique d’Andralanitra.

Fin de non-recevoir

Le site d’enfouissement final d’Andralanitra est en surcapacité. Cela ne date pas d’aujourd’hui, déjà en 2007, l’AFD avait déjà alerté sur le fait que « la capacité de collecte de la décharge d’Andralanitra avait été largement dépassée ». L’organisme de coopération française avait estimé que le site devait être fermé en 2012. Mais le fait est qu’en 2023, Andralanitra est toujours opérationnelle.

Il faut dire que la Commune Urbaine d’Antananarivo n’a pas mille solutions non plus. Trois communes périphériques avaient été sollicitées pour accueillir les « ordures » de la capitale, Anosiala, Ankadikely Ilafy et Ampitatafika mais devant la fin de non-recevoir des habitants de leurs habitants, Antananarivo a dû faire machine arrière. Cependant, certaines communes de l’agglomération d’Antananarivo, telles qu’Andohoranofotsy, Tsiafahy et Manandriana, ont manifesté leur intérêt pour la mise à disposition de terres pour la décharge finale d’Andralanitra, mais cela nécessite la mise en place d’infrastructures aux normes cette fois-ci et capables d’accueillir les tonnes d’ordures générées par les Tananariviens par jour. Le tas d’ordures s’étale sur 20 hectares et peut atteindre 17 mètres de hauteur par endroits.

Fumée toxique

En attendant sa reconfiguration ou son éventuelle fermeture, Andralanitra continue à cracher à plein poumon ses fumées toxiques. Entre 1 500 et 2 000 mètres cubes de déchets sont déversés chaque jour à Andralanitra. Pour les riverains, l’hiver est la pire des périodes à traverser. La décharge émet une épaisse fumée qui provient de la combustion spontanée des déchets ou qui est provoquée par certains recycleurs, qui enflamment volontairement les ordures pour faciliter le tri des déchets afin de récupérer divers métaux. La fumée toxique d’Andralanitra n’est pas qu’un problème pour les riverains, il s’agit de la capitale dans son ensemble.

Le Plan d’Urbanisme Directeur de l’agglomération d’Antananarivo produit dans le cadre du Projet d’Elaboration du Schéma Directeur pour le Développement de l’Axe Economique TaToM (Antananarivo-Toamasina), en 2019, avait suggéré des travaux de réhabilitation et de fermeture sécurisée du site d’Andralanitra en coopération avec l’AFD.

Projets

Six centres d’enfouissement sanitaire devraient être mis en place. Ils doivent comprendre le traitement intermédiaire et les infrastructures. Deux centres d’enfouissement sanitaires devraient également voir le jour à Manandriana et Andoharanofotsy. L’ensemble de ce volet technique devrait être accompagné par une campagne d’information, d’éducation et de communication pour les tananariviens dans la gestion des déchets solides.

En attendant que ces projets soient matérialisés, ou d’autres – un projet de mise en place d’une usine de valorisation des déchets en énergie est également dans les tuyaux – les riverains d’Andralanitra doivent vivre calfeutrés dans leur maison en espérant les jours meilleurs.

Raoto Andriamanambe

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