Quand le sisal malgache s’invite au fameux Met Gala

Cette année, les marches légendaires du Met Gala ont été habillées d’un tapis singulier. Le chef-d’œuvre, unique en son genre, est fait de fibres naturelles de sisal importées de Madagascar, valorisées et sublimées par le savoir-faire de l’entreprise indienne Neytt by Extraweave. Un choix audacieux qui illustre la finesse de ce matériau durable d’origine malgache.

Sans que les Malgaches ne le sachent, ce tapis peint à la main par des artistes new-yorkais offre une vitrine mondiale inattendue de leur pays. Pourtant, derrière cette mise en lumière éphémère, Madagascar demeure un acteur secondaire sur le marché mondial de cette matière première. Entre 2023 et 2024, seulement vingt-neuf (29) expéditions de sisal brut ont quitté le pays, ce qui a généré près de 3,7 millions de dollars. Sur la même période, les vingt-deux cargaisons de fibres plus abouties et de cordages, quant à elles, ont rapporté quelque 0,53 million USD. Comparés aux géants que sont l’Inde, la Chine ou le Vietnam, ces volumes paraissent minuscules et illustrent la première des difficultés pour Madagascar : passer d’une production de niche à une véritable puissance exportatrice.


Dans le sud de l’île, berceau historique du sisal malgache, les producteurs sont confrontés à plusieurs défis tant structurels qu’infrastructurels. Moderniser la culture tout en assurant un approvisionnement régulier constitue une difficulté majeure. À cela s’ajoutent les problèmes d’acheminement des productions vers les ports d’exportation. Passer du plateau de l’Androy vers Tolagnaro ou encore Toliara implique de parcourir des kilomètres de route chaotique et d’alourdir les dépenses avec des frais de transport qui grèvent considérablement les marges. Bien sûr, les impôts et taxes douanières ou portuaires y sont aussi pour beaucoup. Les producteurs malgaches peinent à offrir des rendements stables, ce qui contraint les acheteurs à chercher ailleurs, à se tourner vers des chaînes d’approvisionnement plus sûres et plus robustes.

La présence du sisal malgache au Met Gala 2025 invite à repenser de façon globale et sérieuse le manque criant de structures de transformation locale, qui prive le pays de plus-values essentielles. Faire de ce coup d’éclat un succès pérenne implique, pour le pays, de renforcer la structuration de ses filières agricoles, d’investir dans des infrastructures de transport plus performantes et de s’efforcer à multiplier les industries de transformation locale. La mise en place de plusieurs sites de fabrication de cordages et de ficelles pourrait permettre de répondre à la demande croissante de ce matériau durable. Car oui, cette percée triomphale dans la cour des grands raconte une histoire : celle d’un matériau durable, à l’empreinte carbone maîtrisée, façonné par des mains expertes et qui charme une industrie du luxe constamment en quête d’authenticité.

José Belalahy

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

S'abonner à notre newsletter