copyright : Novethic
Tarissement des ressources, crises mondiales, tensions géostratégiques, ralentissement de la croissance, pauvreté… Le rapport Meadows a fait figure de livre de prophétie de Nostradamus mais avec une modélisation scientifique. En substance, en pleine décennie de croissance, ces scientifiques avaient déjà alerté sur « la croissance limitée ». Les auteurs du rapport ont conclu que la croissance économique continue, basée sur une augmentation exponentielle de la consommation de ressources naturelles, de la population et de la production industrielle, est « insoutenable à long terme dans un monde aux ressources finies ».
Réguler la croissance
A l’origine, le rapport Meadows a été commandé par le Club de Rome auprès d’un groupe de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT). De ce rapport émergent plusieurs constats et prédictions concernant l’insoutenabilité à long terme du mode de production occidental. Le but initial était de s’interroger sur les limites de la croissance économique. La réponse sera implacable : une société qui consomme et produit toujours plus, pollue aussi toujours plus et sera confrontée à la raréfaction des ressources. Ainsi, les scientifiques estiment que, quels que soient les scénarios envisagés, la croissance infinie se heurtera nécessairement à des pénuries de matières premières. En 1972, ils estiment que le monde dispose de 50 ou 100 ans avant d’être confronté à un manque de ressources non renouvelables, à commencer par le pétrole, le gaz, les minerais ou même l’eau. Les auteurs de l’ouvrage conseillent donc aux dirigeants de réguler la croissance s’ils ne veulent pas assister à une multiplication des crises, des famines et même des guerres.
Axes
Problème : dans les années 70, l’Occident était en plein « trente glorieuses », trois décennies après la deuxième guerre mondiale. La consommation était effrénée, notamment celle des ressources naturelles. Dans ce contexte, une remise en question du modèle basé sur une croissance infinie du PIB est peu audible.
Largement critiqué dès sa publication tant pour sa méthodologie que pour ses prévisions jugées alarmistes, ce rapport est devenu le socle des recherches liées au développement durable. Son contenu est plus que d’actualité, tant la réalité dépasse les prévisions. Le rapport Meadows s’articule sur cinq axes : l’industrialisation, la croissance démographique, la production alimentaire, l’épuisement des ressources naturelles et la pollution. Sur les ondes de France Culture, Dennis Meadows avait confié : « Quand j’ai fait cette étude, je n’avais que 29 ans. J’étais jeune et naïf, et je pensais que si je publiais mes recherches, on en tiendrait compte, on agirait en conséquence, comme quand on voit un iceberg en bateau et qu’on le contourne, c’était mon espoir. Mais voilà, 50 ans après, les dégâts s’empilent les uns sur les autres et nous entrons dans une ère de bascule ».