Sud de Madagascar : un Dina pour protéger le pipeline Mandrare-Sampona

L’opérationnalisation du pipeline devrait se faire bientôt. Un moment que les populations de Sampona et de Maroalomainty attendent avec impatience, compte tenu des difficultés inhérentes à l’approvisionnement en eau. Même si les infrastructures ne sont pas encore utilisées, les communautés locales pensent déjà à comment les protéger et les rendre pérennes. Le Dina, un pacte communautaire fondé sur des règles partagées et locales, traduit une gouvernance locale s’appuyant sur une volonté de solidarité autour de l’eau.

Le pipeline Mandrare-Sampona (long de 39 km) est un projet d’infrastructure hydraulique qui améliorera sans conteste la vie de milliers de Malgaches vivant dans le Sud. Une initiative étatique d’envergure intégrée au projet Mionjo (lui-même gouvernemental et financé par la Banque mondiale à hauteur de 188 millions USD), qui vise à améliorer l’approvisionnement en eau potable, mettre en place des services d’eau efficaces et continus, ainsi que promouvoir des modes de vie sains garantissant un bien-être social pour les populations des zones concernées. Pour la commune rurale de Sampona, district d’Amboasary Sud, région Anosy, « la réception technique devrait bientôt se faire et la population a hâte de bénéficier de l’eau de Mandrare via les kiosques à eau installés un peu partout dans la commune », nous confie Limbiraza Gilbert, maire de ladite localité. Des essais techniques continuent d’être opérés en attendant ladite réception, et l’inauguration des infrastructures est prévue pour le mois de juin prochain. D’ici là, la population doit encore faire preuve de patience.

Adhésion communautaire acquise

Compte tenu de l’importance de ces infrastructures d’approvisionnement en eau, et face à d’éventuelles velléités de dégradation, la commune rurale de Sampona, avec sa Structure Locale de Concertation (composée de quarante-sept membres et mise en place avec divers partenaires), a mis en place un comité de gestion chargé de l’entretien et de la préservation des acquis. Un Dina communautaire a également été mis en place afin de protéger ces infrastructures et de garantir la durabilité de ces équipements essentiels à la survie et au développement des communautés concernées. Ainsi, « toute personne reconnue coupable de dégradation des infrastructures d’approvisionnement en eau de la commune rurale de Sampona est passible d’un Dina communautaire se traduisant par le paiement d’une tête de zébu et de 500 000 ariary. » Il convient de rappeler que le projet de pipeline Mandrare-Sampona-Maroalomainty comprend : une usine de production d’eau d’une capacité de 160 m³/h, cinq stations de relevage alimentées par énergie solaire, ainsi que des groupes électrogènes de secours pour garantir la continuité des services et le bon fonctionnement des opérations. Quarante mille personnes devraient bénéficier de ces infrastructures dans la phase 1 de ce projet.

De belles perspectives

Liamaree Ravaonirina attend avec impatience de bénéficier de l’eau qui sera distribuée par ce kiosque.

L’eau de la rivière Mandrare sera prochainement acheminée à Sampona. Cette eau sera potable. Ce qui épargnera à la population les vingt-deux kilomètres à parcourir quotidiennement, sous la chaleur et la faim, pour s’approvisionner en eau. Cela les affranchira également des coûts de l’eau, dont le bidon de vingt litres s’achète à trois, quatre, voire cinq mille ariary. « Vivement que ces infrastructures soient opérationnelles, car on a attendu longtemps pour cela. On a surtout assez souffert du manque d’eau dans notre commune. Il est temps qu’on vive dignement et autrement », s’exclame Liamaree Ravaonirina, du haut de ses soixante-douze ans, témoin direct et temporel des affres liées aux problématiques d’approvisionnement en eau dans ces régions du pays. Ce qui devrait bientôt être de l’histoire ancienne… Encore faudrait-il que ces infrastructures durent et puissent réellement les résoudre.

José Belalahy

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